
Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et compte tenu des objectifs européens et internationaux, la Wallonie a prévu de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55 % en 2030 et de 95 % en 2050, par rapport à 1990.
Le CO2 comme principal GES
En 2023[1], la Wallonie a émis dans l’atmosphère 29 448 kt éq CO2 de GES[2] dont 83 % sous forme de CO2 et le solde sous forme de CH4 (9 %), de N2O (6 %) et de gaz fluorés (2 %). Les émissions wallonnes représentaient 30,0 % des émissions belges de GES[3]. Les sources d’émissions principales étaient l’industrie (30,1 %), le transport routier (25,4 %), le secteur résidentiel (14,7 %), l’agriculture (13,3 %) et le secteur de l’énergie (6,3 %). Avec 8,0 t éq CO2 émises par habitant en 2023, la Wallonie se situait au-dessus de la moyenne européenne (UE-27 : 6,9 t éq CO2/hab).
Émissions atmosphériques de gaz à effet de serre (GES) en Wallonie*, par secteurs d'activité (2023)
* Hors émissions de CO2 issues de la biomasse et émissions/séquestrations liées à l'utilisation des terres, au changement d'affectation des terres et à la foresterie. Hors émissions liées au transport aérien international.
** Y compris le transport agricole.
*** Centrales de production d’électricité (hors industries, hors incinérateurs de déchets), cokeries et transport de gaz naturel.
**** Y compris les incinérateurs de déchets ménagers.
***** Militaire, aérien (vols domestiques), par rail et voie d’eau, activités multimodales, entretien des forêts et des parcs.
* Hors émissions de CO2 issues de la biomasse et émissions/séquestrations liées à l'utilisation des terres, au changement d'affectation des terres et à la foresterie. Hors émissions liées au transport aérien international.
** Y compris le transport agricole.
*** Centrales de production d’électricité (hors industries, hors incinérateurs de déchets), cokeries et transport de gaz naturel.
**** Y compris les incinérateurs de déchets ménagers.
***** Militaire, aérien (vols domestiques), par rail et voie d’eau, activités multimodales, entretien des forêts et des parcs.
Réduction des émissions dans tous les secteurs sauf le transport routier
Entre 1990 et 2023, les émissions de GES ont diminué de 46,2 % grâce à des réductions marquées dans les secteurs de l’industrie (- 66,0 %) (changement de combustibles, amélioration des procédés, fermetures dans la sidérurgie, accords de branche...) et de l’énergie (- 72,4 %) (fermeture des cokeries, utilisation accrue de gaz naturel et de biomasse en remplacement de combustibles plus émetteurs comme le charbon) et ce, malgré l’augmentation importante des émissions du transport routier (+ 25,1 %) (augmentation du nombre de véhicules et des kilomètres parcourus et plus récemment essor des SUV et camionnettes…) q. Les émissions du secteur résidentiel ont globalement diminué entre 1990 et 2023 (- 38,0 %) (isolation des bâtiments, meilleure performance des chaudières, usage accru du gaz naturel et des énergies renouvelables…) mais fluctuent annuellement en fonction des conditions climatiques. Les émissions du secteur tertiaire, qui fluctuent également, ne montrent pas de tendance nette sur la période. Les émissions du secteur agricole ont quant à elle diminué de 23,9 % (utilisation plus raisonnée des engrais, baisse du nombre total de ruminants) q q.
La diminution des émissions de GES ne s’est pas réalisée de manière uniforme. Sur la période 1990 - 2023, les émissions totales de GES ont diminué jusque 2014 (- 36,9 % par rapport à 1990), une année particulièrement chaude au cours de laquelle les besoins en chauffage ont été réduits. Entre 2014 et 2019, les émissions de GES ont stagné voire augmenté légèrement (+ 2,2 %). Entre 2019 et 2023, les émissions de GES ont diminué de 16,5 %. Concernant le transport routier, la baisse des émissions de 17,7 % en 2020 par rapport à 2019 s’explique par la crise sanitaire de la Covid-19 et ses mesures (confinement, limitation des déplacements, télétravail…). La baisse des émissions du secteur de l’énergie de 39,2 % entre 2020 et 2023 est attribuée à la baisse de production d’électricité des centrales turbines gaz vapeur (TGV) suite à l’augmentation du prix du gaz naturel. Dans une moindre mesure, les baisses des émissions du résidentiel depuis 2020 et du tertiaire depuis 2021 ont également contribué à la baisse globale des émissions (conditions climatiques, hausse des prix de l'énergie).
Émissions atmosphériques de gaz à effet de serre (GES) des principaux secteurs d'activité en Wallonie*
Émissions atmosphériques de gaz à effet de serre (GES) des principaux secteurs d'activité en Wallonie*
* Hors émissions de CO2 issues de la biomasse et émissions/séquestrations liées à l'utilisation des terres, au changement d'affectation des terres et à la foresterie. Hors émissions liées au transport aérien international.
** Objectifs wallons (par rapport à 1990) : - 55 % en 2030, - 95 % en 2050 (décret "Neutralité carbone" du 16/11/2023 q).
*** Y compris le transport agricole.
**** Centrales de production d'électricité (hors industries, hors incinérateurs de déchets), cokeries et transport de gaz naturel.
* Hors émissions de CO2 issues de la biomasse et émissions/séquestrations liées à l'utilisation des terres, au changement d'affectation des terres et à la foresterie. Hors émissions liées au transport aérien international.
** Objectifs wallons (par rapport à 1990) : - 55 % en 2030, - 95 % en 2050 (décret "Neutralité carbone" du 16/11/2023 q).
*** Y compris le transport agricole.
**** Centrales de production d'électricité (hors industries, hors incinérateurs de déchets), cokeries et transport de gaz naturel.
Des objectifs de réduction des émissions pour 2030 et 2050
Dans le cadre du décret "Neutralité carbone" du 16/11/2023 q, la Wallonie a prévu de réduire ses émissions totales de GES par rapport à 1990 de 55 % en 2030 et de 95 % en 2050.
Concernant les émissions de GES des secteurs non-ETS[4], l’objectifs de réduction des émissions pour la Belgique est de - 47 % en 2030 par rapport à 2005 q, selon une trajectoire de réduction basée sur des quotas annuels d’émission[5] pour la période 2021 - 2030. Étant donné (i) qu’il n’y a pas encore d’accord politique portant sur le Burden sharing intra-belge[6] pour la période 2021 - 2030 à la date de cette mise à jour (25/08/2025), (ii) que le Plan air climat énergie 2030 de la Wallonie (PACE 2030) q, adopté le 21/03/2023, vise à respecter l’objectif de - 47 % en 2030 par rapport à 2005 mais ne définit pas de trajectoire basée sur des quotas annuels d’émission, il n’est pas possible de comparer les émissions de 2023 à une trajectoire précise. Il faut toutefois noter que la valeur de référence de l’année 2005 utilisée pour calculer l’objectif de réduction de - 47 % (pour la Belgique et dans le PACE 2030) est différente de la valeur des émissions de GES calculée pour cette année-là dans l’inventaire de 2025. Dans le cas de la Wallonie, en se référant à la valeur des émissions de 2005 de l’inventaire de 2025, les émissions non-ETS ont diminué de 26,5 % entre 2005 et 2023. En se référant à la valeur des émissions de 2005 définie dans le PACE 2030, elles ont diminué de 31,9 % entre 2005 et 2023.
Les objectifs de réduction des émissions de GES des secteurs ETS (industrie et production d’électricité)[7] sont gérés au niveau européen, avec un objectif européen de - 62 % en 2030 par rapport à 2005 q, sans objectif défini au niveau national ou régional. Dans le cas de la Wallonie, les émissions ETS ont diminué de 56,6 % entre 2005 et 2023, cette diminution s’étant essentiellement produite entre 2005 et 2012.
L'objectif wallon fixé pour 2030 (- 55 % par rapport à 1990) devrait être en pratique atteint via le respect des objectifs ETS et non-ETS. Pour maximiser les chances d'y parvenir, la réduction des émissions doit être poursuivie et les efforts maintenus.
Émissions atmosphériques de gaz à effet de serre (GES) des secteurs ETS* et non-ETS** en Wallonie
* Emission Trading System ou système d'échange de quotas d'émission de GES de l'UE.
** Secteurs non concernés par l'ETS : transports, bâtiments, agriculture, déchets, gaz fluorés, petites industries non-ETS.
*** Objectif non-ETS tel que défini pour la Belgique et tel que défini dans le PACE 2030 (- 47 % en 2030 par rapport à 2005). La valeur de référence considérée pour l'année 2005 est différente de la valeur des émissions de GES actuellement calculée pour cette année-là. À ce jour (25/08/2025), l'objectif défini au niveau national doit encore faire l'objet d'un Burden sharing intra-belge.
**** L'objectif ETS est directement géré au niveau européen (- 62 % en 2030 par rapport à 2005), sans objectif défini au niveau national ou régional.
* Emission Trading System ou système d'échange de quotas d'émission de GES de l'UE.
** Secteurs non concernés par l'ETS : transports, bâtiments, agriculture, déchets, gaz fluorés, petites industries non-ETS.
*** Objectif non-ETS tel que défini pour la Belgique et tel que défini dans le PACE 2030 (- 47 % en 2030 par rapport à 2005). La valeur de référence considérée pour l'année 2005 est différente de la valeur des émissions de GES actuellement calculée pour cette année-là. À ce jour (25/08/2025), l'objectif défini au niveau national doit encore faire l'objet d'un Burden sharing intra-belge.
**** L'objectif ETS est directement géré au niveau européen (- 62 % en 2030 par rapport à 2005), sans objectif défini au niveau national ou régional.
Des mesures pour tendre vers la neutralité carbone
Outre la fixation des objectifs de réduction des émissions de GES, le décret "Neutralité carbone" du 16/11/2023 prévoit l’élaboration d’un Plan air climat énergie. Le PACE 2030 définit des mesures à poursuivre (p. ex. 3ème génération d’accords de branche) ou de nouvelles mesures à mettre en œuvre. Elles concernent principalement la mobilité (transfert modal vers des modes de transport neutres ou moins dommageables pour l’environnement, amélioration des performances environnementales des véhicules…), la production d'énergie renouvelable et la consommation d'énergie des bâtiments. À noter que le règlement "Gouvernance" (UE) 2018/1999 q impose aux États membres des plans nationaux intégrés en matière d’énergie et de climat. Le PACE 2030 représente la contribution wallonne au projet de Plan national énergie climat belge 2021 - 2030 (PNEC 2023) q.
Enfin, un nouveau système d'échange de quotas d'émission "ETS 2" a été créé, distinct du système existant (ETS). Ce nouveau système concerne les émissions de CO2 provenant de la combustion de combustibles dans les bâtiments, le transport routier et d'autres secteurs (principalement les petites industries non couvertes par l’ETS existant) q. L’ETS 2 deviendra pleinement opérationnel en 2027[8].
[1] Selon l’inventaire wallon de l’année 2025.
[2] Hors émissions de CO2 issues de la biomasse et émissions/séquestrations liées à l'utilisation des terres, au changement d'affectation des terres et à la foresterie. Hors émissions liées au transport aérien international.
[3] Les émissions belges de GES s’élevaient à 98 221 kt éq CO2(a).
[4] Secteurs non concernés par l’Emission Trading Scheme (ETS) ou système d'échange de quotas d'émissions de GES de l'UE : transports, bâtiments, agriculture, déchets, gaz fluorés, petites industries non-ETS.
[5] Émissions maximales de GES autorisées pour une année.
[6] Partage des efforts à réaliser entre les différentes régions du pays.
[7] En Wallonie, les secteurs ETS incluent environ 90 % des émissions des secteurs de l’industrie et de la production d’électricité. Certaines installations, qui étaient non-ETS en 2005, n'ont été reprises dans l'ETS qu'à partir de 2013.
[8] Pour en savoir plus, consulter la page internet dédiée à l’ETS 2 sur le site de l’AwAC q.
Évaluation
Évaluation de l'état non réalisable et tendance à l'amélioration
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Référentiel : i) objectif wallon de réduction de 55 % des émissions totales de GES à l’horizon 2030 par rapport à 1990 (Décret "Neutralité carbone" du 16/11/2023 q), ii) objectif wallon de réduction de 47 % des émissions de GES des secteurs non-ETS à l’horizon 2030 par rapport à 2005 (objectif tel que défini dans le Plan air climat énergie 2030 de la Wallonie (PACE 2030) q). Pour les émissions de GES des secteurs ETS, il n'y a pas de référentiel pour la Wallonie (objectif européen de - 62 % en 2030 par rapport à 2005 et mise aux enchères des quotas d’émission).
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En Wallonie, l’atteinte des objectifs fixés pour 2030 n’est pas garantie, tant au niveau des émissions totales de GES que pour les émissions des secteurs non-ETS. En 2023, la Wallonie a émis 29 448 kt éq CO2 de GES (- 46,2 % par rapport à 1990). En 2023, les émissions wallonnes des secteurs non-ETS s’élevaient à 20 028 kt éq CO2 (- 31,9 % par rapport à valeur des émissions de 2005 définie dans le PACE 2030).
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À noter qu’en 2023, les émissions wallonnes des secteurs ETS s’élevaient à 9 419 kt éq CO2 (- 56,6 % par rapport à 2025).
L’état sera évalué lorsque les données 2030 seront disponibles.
Entre 1990 et 2023, les émissions totales de GES ont diminué de 46,2 %.
Entre 2005 et 2023, les émissions de GES des secteurs non-ETS ont diminué de 26,5 % et celles des secteurs ETS ont diminué de 56,6 %.
À noter qu’en se référant à la valeur des émissions de 2005 définie dans le PACE 2030, les émissions non-ETS ont diminué de 31,9 %.
Évaluation
